Himalaya du Népal

   



 

   

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Traversée du Cho La

La traversée du col Cho La ne présente habituellement aucune difficulté technique. En partant de Thangnag, la première partie de la traversée s'effectue sur un terrain vallonné comportant néanmoins quelques pentes pas très longues mais raides. Selon la saison et les conditions climatiques, la montée s'effectue sur pentes caillouteuses ou sur pentes enneigées.

Cho La Pass Phedi
Cho La Pass Phedi - Ouest

Le col

La dernière pente qui conduit au col est très raide. On y a parfois l'impression de grimper à la verticale. Certains passages peuvent être glacés et nécessitent alors le port de crampons de même que l'utilisation d'un piolet. Au plus fort de l'hiver, la neige bloque le col.

Le Cho La
Face ouest du col Cho La

Le glacier

Puisque l'on doit traverser un glacier au sommet du col, la prudence est de mise. Ceux qui connaissent bien cette région recommandent de marcher dans la piste qui longe la limite sud du glacier. Les trekkers qui effectuent la traversée du Cho La cassent habituellement la croûte au sommet du col et prennent le temps de bien se reposer. La traversée est loin d'être terminée.

Au sommet du Cho La
sommet du col

Mise en garde

Le Khumbu est situé au coeur d'une région où peuvent survenir avalanches et éboulis. Il n'est pas prudent de s'aventurer sur des pistes peu fréquentées sans s'informer de leur condition auprès des propriétaires de lodges qui sont généralemnt bien informés et qui savent évaluer les risques. Si vous envisagez traverser le col, informez-vous à Gokyo sur les conditions qui prévalent dans cette région.

TRAVERSÉE DU CHO LA

Etape 1 : Thangnag-Cho La
 Durée : environ 6 heures
 Dénivelés : + 750 m
 Gîte et repas : aucun

Étape 1 : variation d'altitude
Thangnag
4 700 mètres
Cho La
5 420 mètres

Carte-itinéraire 
Thangnag - Dzonglha Carte


 

 

 


Il fait encore nuit. Sautillant de pierre en pierre pour éviter la flotte, nous montons à travers un large ruisseau peu profond à la lueur de nos lampes frontales. Le pas est rapide. Ne devant pas nous perdre de vue, je tâche de garder le rythme. À l'aube, une pâle lumière tâche de se frayer un chemin pour éclairer le fond de la vallée que nous traversons en zigzaguant alors que les parois non exposées sont encore dans la nuit. Photo

À 4h00, j’étais déjà réveillé lorsque Danu Sherpa est venu nous avertir que le petit déjeuner allait être servi dans le lodge, la tente cuisine étant déjà démontée afin d'accélérer les préparatifs de départ. Pendant que les porteurs rassemblaient les bagages, nous nous y sommes regroupés. Il y faisait à peine moins froid que dehors. Les deux chandelles disposées sur la table centrale, les propos feutrés des uns, la torpeur des autres, le va-et-vient des Sherpas dans la pénombre créaient une ambiance curieuse. J'avais l'impression que nous nous préparions à célébrer un rituel pour invoquer la protection des dieux habitant ces lieux avant de nous lancer dans cette traversée. Les silences se faisaient longs dans l'attente du signal de départ. Il y a quelques jours à peine, ne racontait-on pas dans la région que le col, trop enneigé, était impraticable ? Pourtant, la plupart d'entre nous tenait à franchir ce col même si la traversée s'annonçait difficile.

Dans les trace des Sherpas

Nous grimpons maintenant sur une butte découverte de neige. La pente est raide. Le sol, recouvert de roches de toutes tailles, est instable. Plus haut sur la droite, une grosse roche se détache sous les pas d’un trekkeur et dévale la pente, entraînant d’autres roches dans son sillage. Ceux qui montent derrière s'empressent de dégager la zone tandis que Babu, fermant la marche plus bas, crie en faisant de grands gestes indiquant à chacun de s'arrêter. Nous sommes trop dispersés et certains se sont écartés de la piste, parfois difficile à reconnaître. Babu nous rassemble. Nouvelle consigne : marcher dans les traces des Sherpas. Je me retrouve derrière Jangbu. Le rythme est rapide dans cet air trop mince. Par moment, j'ai peine à le suivre. Heureusement, nous atteignons un plat. Mais ça ne dure jamais bien longtemps par ici.

À la file indienne, nous suivons maintenant un Sherpa qui trace la voie dans la neige. Elle s'est accumulée à certains endroits et forme des plaques pouvant avoir une épaisseur appréciable. Nous tâchons de les éviter car elles peuvent défoncer. Nous le constaterons d’ailleurs lorsqu’un porteur s’enfoncera jusqu’aux aisselles. Après plusieurs heures de marche sur un terrain en forme de montagnes russes, nous voici au pied de la dernière pente, celle qui conduit au col. Photo

La pente est abrupte. La montée est difficile. Nous ne sommes pas au bout de nos peines car la pente devient encore plus raide à mesure que nous progressons. Je plante le bout de mes chaussures dans la neige pour me faire des marches et je prends garde où je pose mes bâtons, car ils m’aident à maintenir mon équilibre, par moment instable. Raideur de la pente et fatigue très certainement. Je continue à grimper malgré tout. Que faire d'autre ! Le mal de tête se met de la partie. La montée me demande un effort incroyable. M'arrêtant pour reprendre mon souffle, je regarde là-haut. Erreur ! Il n'y a que la pente. Je n'en vois pas la fin. Combien de mètres encore ? Combien de temps ? Ce doit être ça... « gagner son ciel ! »

L'air mince

Je me remets à grimper et m’interdis désormais de regarder là-haut. Je compte mes pas… dix petits pas. Bref arrêt, respirations profondes. Puis dix autres, nouvel arrêt. Je grimpe ainsi comme dans un film au ralenti. J'invoque tous les dieux habitant les hauts sommets himalayens. Je parle à mon ange gardien... tout bas. Es-tu là ? Pourquoi ne viens-tu pas me donner un petit coup d’aile ! Non, ce n'est pas la confusion ni l'incohérences des propos accompagnant la phase aigüe du mal d'altitude. Plutôt une tentative de diversion pour endormir ma misère. Car par moment, je crois que je n’y arriverai pas. Le cœur bat vite et fort. Je me sens épuisé.

Jamais de toute ma vie, ai-je dû fournir un tel effort physique. J'ai la tête qui flotte comme un bouchon de liège dans une mer agitée. Je me sens aspiré par la montagne. Il me semble que, d'un moment à l'autre, je vais m'y enfoncer tellement je me sens lourd. J’ai l’impression de respirer avec une paille minuscule. Même si j’ouvre la bouche toute grande, il n’y a rien à respirer. L'air est vide. Montée au ciel ou descente aux enfers ? Je ne sais plus ! L'échine s'échine, les tendons se tendent... un, deux, trois, quatre… dix. Je me concentre sur ces dix petits pas. Je tente de me convaincre. Chaque dizaine me rapproche lentement du but. Je compte tous mes pas... et mes pas sont tout ce qui compte. Je puise ainsi, à petite dose, dans mes dernières couches d'énergie afin de poursuivre la montée.

Le col

J’apprends à économiser mon énergie pour durer. J’apprends à me concentrer sur le présent. Enfin, j’apprends à me faire humble devant Philippe qui, ayant atteint le sommet, vient à ma rencontre et m’offre de porter mon sac à dos pour m'aider à franchir la vingtaine de mètres qui me séparent du sommet. Les coéquipiers venant d'atteindre le sommet me crient leurs encouragements. Encore quelques pas laborieux. Le col enfin... 5 420 mètres !

Les derniers coéquipiers nous rejoignent. Nous nous tapons réciproquement dans les mains. Quelques uns ont les yeux humides. Assis dans la neige, un autre pleure doucement. J'ai envie d'être seul. Je marche sur le champ de neige pour me mettre à l'écart et me laisse tomber sur les genoux, complètement exténué. Quelques larmes viennent exprimer à la fois fatigue, joie, fierté et bonheur. À coup de petits pas insignifiants, mon rêve m'a conduit jusqu'ici au coeur d'un paysage absolument sublime. Dans une sorte d'état second, je discerne avec clairvoyance tous les efforts déployés pour réaliser ce rêve, pour satisfaire ma soif d'Himalaya. Un projet que je voulais à la limite de mes capacités. Je sais maintenant que jai fait le bon choix. Malgré la fatigue, je nage en plein bonheur.

Un bruit sourd me sort de ma torpeur. Un immense mur de neige vient de décrocher sur une montagne voisine. Dans ce coin perdu du haut Himalaya, la nature règne en maître tout puissant des lieux. Les hommes d'ici n'ont rien fait pour la contenir. Cherchant plutôt à deviner ses caprices, ils se contentent de l'observer et tâchent de composer avec elle. C'est sans doute pourquoi ce lieu est imprégné d'autant de beauté. Tout autour, il n’y a que montagnes superbes, blancheur immaculée et silence. Moment d’extase. J'emporterai dans mes souvenirs une part de cette montagne tout comme j'y laisserai une part de moi-même.

 

 


 

 

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