Himalaya du Népal

   



 

   

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Dole

Le nom « dole » signifie endroit rocheux. La kharka de Dole est fort plaisante. En plus de disposer de lodges, on peut y faire du camping dans les prés tout autour. Une petite rivière alimentée par la fonte des neiges permet l'approvisionnement en eau potable et agrémente le séjour.

Dole
Montagne dÉlimitant
la kharka de Dole À l'ouest

Excursions

Plusieurs trekkeurs planifient leur itinéraire afin d'arriver à Dole à l'heure du lunch et d'y faire une pause en après-midi. Ceux qui ont encore envie de bouger peuvent faire de petites excursions autour de Dole. En grimpant sur une colline derrière Dole, on peut bénéficier d'une vue panoramique sur la kharka. Un sentier pentu partant de l'Himalayan Lodge conduit à un beau point de vue en une heure de marche. En remontant la vallée sur la piste de Luza, on peut apercevoir la formidable muraille formée par le Cho Oyu, et le Gyachung Kang à sa droite, fermant la vallée de Gokyo au nord,

Excursion à Dole Photo

Altitude

La vallée de Gokyo a ceci de particulier que le gain d'altitude y est plus rapide que celui auquel on s'expose en empruntant la route classique des alpinistes. Certains pilotes d'hélicoptère lui auraient même donné le nom de « vallée de la mort » en raison des évacuations d'urgence qu'ils y effectuent. Exagération très certainement. Néanmoins, les trekkers empruntant cette vallée ont tout intérêt à planifier leur montée en prévoyant des étapes un peu plus courtes.

Si l'on a couché au bord de la Dudh Kosi (3 500 mètres) à Phortse Thanga plutôt qu'au village lui-même (3 680 m), le gain d'altitude entre cette halte et Dole est important (540 m). À l'arrivée à Dole, il peut être tentant de poursuivre la route vers Lhabarma, Luza ou Machhermo car on dispose habituellement de temps. N'en faites rien disent les experts. Mieux vaut prendre le temps de bien s'acclimater avant de poursuivre la route. Le reste du parcours sera d'autant facilité. Si l'on a dormi à Mong (3 973 m) la veille, la question se pose différemment. Il est possible de poursuivre la route jusqu'à l'un des prochains villages.

Porteurs

Les porteurs accompagnant les expéditions de trekking font un travail extraordinaire. Ce sont pour la plupart des Rai et des Tamang et non pas des Sherpas. Le mot « sherpa » ne désigne pas un porteur mais plutôt une ethnie. D'ailleurs, la plupart des Sherpas oeuvrant au sein des expéditions de trekking agissent à titre de guide ou de sirdar (chef d'équipe et responsable de la logistique). Au sein des expéditions alpines, sur les hauts sommets, les Sherpas sont effectivement porteurs d'altitude.

Porteur
Porteur arrivant À Dole

Lors d'une expédition de trekking, la personne qui embauche les porteurs a la responsabilité de s'assurer qu'ils disposent du nécessaire pour affronter les conditions de la haute montagne : bonnet de laine, moufles, vêtements suffisamnent chauds, lunettes de soleil, chaussures adéquates. De nombreux porteurs sont des gens pauvres. Ils portent pour améliorer leurs conditions de vie. Ils se contentent souvent de porter les vêtements qui leur sont donnés par les membres des expéditions au terme de celles-ci, lorsqu'ils ne les vendent pas pour faire un gain additionnel. Plusieurs ne se soucient pas trop des conditions auxquelles ils s'exposent en haute altitude. À la hauteur de Dole, alors que l'on passe la barre des 4 000 mètres, il est impératif de s'assurer que les porteurs sont équipés pour poursuivre la route car les conditions seront de plus en plus rigoureuses.

Porteurs à Dole Photo

Étape Phortse Thanga-Dole
Durée : environ 4 heures
Dénivelés : + 370 m / - 40 m
Gîte et repas : Gyele, Dole

Variation d'altitude
Phortse Thanga
3 670 mètres
Tongba
3 950 mètres
Gyele
4 110 mètres
Dole
4 040 mètres

Carte-itinéraire
 Phortse Thanga-Dole Carte

 


Il est 6h00. Routine habituelle. Il y a des gaufres au petit déjeuner ce matin. Pierre, dont la générosité ne se dément pas, fait circuler son petit pot de sirop d’érable autour de la table. Un pur délice. Aujourd’hui, l’étape sera courte mais intense, altitude oblige. Comme à tous les matins et à tous les soirs, les Sherpas apportent l’eau bouillie. Nous remplissons nos gourdes à ras bord. À défaut de la bouillir, l’eau peut être traitée avec des pastilles d'iode ou des solutions chimiques. En haute altitude, il faut boire au moins trois litres d’eau par jour pour combattre la déshydratation, et faciliter du même coup l’acclimatation.

Guides et porteurs

Nous montons à travers une forêt de rhododendrons. La montée est abrupte. Dans l’effort, le groupe s’est dispersé. Je n’entends que le vent et les pas de Ang Babu Sherpa, qui monte derrière moi. Je m’arrête pour me reposer, il s’arrête aussi. Prêt à repartir, il m’apporte mon sac à dos et m’aide à l’enfiler. Je dois charger un nouveau film dans ma caméra, il tient mes bâtons pour que je sois plus à l’aise. Mon ange gardien doit en frémir de jalousie ! Tant pis... il n'est pas d'un grand secours par les temps qui courent ! J'essaie de communiquer avec Ang Babu. Je ne parle pas le sherpa-ka ni le nepali. Ang Babu connaît peu l'anglais. Je regrette de ne pas avoir fait l'effort d'apprendre quelques rudiments de ces langues.

Le sentier traverse Tengba (Tongba) et Gyele. En chemin, les vues sur le Khumbila (5 761 m) et le Taboche sont superbes. Nous arrivons enfin à Dole après quatre heures de marche. Quelques coéquipiers sont déjà là. L’endroit est magnifique : pâturages sur fond de montagnes enneigées et vue exceptionnelle sur le Kangtega (6 799 m) et le Thamserku (6 608 m). Les tentes sont montées dans un petit pré mais nos bagages n'y sont pas encore. Photo

Lourdement chargés, les porteurs arrivent les uns après les autres. Photo Nous allons les accueillir. Les porteurs ne peuvent pas se libérer de leur charge comme nous le faisons avec un sac à dos. La charge est beaucoup trop lourde. Ils doivent donc s'accroupir lentement, sans perdre l'équilibre, jusquà ce que la charge touche le sol. Ce moment semble particulièrement pénible. Aussi, nous allons les aider et récupérons nous-mêmes nos bagages. Ils en ont assez fait aujourd'hui.

Encouragement

En contrebas, une petite rivière, cachée derrière des bosquets, offre un endroit parfait pour un bon nettoyage. Aujourd’hui sera jour de lavage, brossage, séchage, rasage. L'eau est froide. Je fige. Bof, de toute façon la rivière n'est pas assez profonde pour y plonger ! Immersion partielle. C’est la course contre la montre. La serviette est inutile, le vent sèche à mesure mes chairs de poule. Quelle belle sensation tout de même. Tous ces petits gestes, sans importance et si faciles à la ville, procurent ici un bien-être indescriptible. J’arrive en retard au déjeuner, mais propre comme un sou neuf.

Après la sieste, Babu, me voyant m’activer autour du camp, vient m’exprimer sa joie de me voir reprendre la forme tout en me tapant sur l'épaule amicalement. Son large sourire en dit long. Les Sherpas, malgré une certaine timidité, attribuable en partie à la barrière du langage, sont très chaleureux. J'apprécie son geste. Je crois que Babu tient beaucoup à ce que chacun de nous réussisse son trek. Homme de défi, il n'ignore ni notre engagement, ni les efforts que nous avons dû déployer pour pouvoir entreprendre ce périple. Je n'ai pas l'impression de faire partie d'une expédition commerciale où le rythme est dicté par la seule marge de profit. Héros plusieurs fois vainqueur de l'Everest, non seulement Babu témoigne-t-il par l'attention qu'il porte à chacun et à toutes choses, de son souci constant pour que ce trek réponde à nos attentes, mais il semble prendre un réel plaisir à nous accompagner. Cet homme de petite taille au bedon arrondi est épatant de simplicité malgré la réputation exceptionnelle dont il jouit dans le monde du mountaineering. J'éprouve déjà beaucoup d'admiration pour ce Sherpa. Photo

Incident sur la montagne

Au milieu de l’après-midi, nous commençons à nous inquiéter de Philippe, qui n'est pas rentré au camp et qui ne s'est certainement pas attardé en route durant tout ce temps. Ce que nous avions d'abord crû. Deux trekkers viennent nous informer qu’ils croient avoir aperçu quelqu’un dans la montagne surplombant Dole. Ce ne peut être que Philippe. Quelques coéquipiers partent à sa recherche et le trouvent grelottant de froid. Ils lui refilent quelques vêtements chauds et, sans perdre un instant, amorcent la descente. Philippe arrive au camp mal en point. Le teint blafard, il tremble de tous ses membres. Tandis que Babu lui massent vigoureusement les pieds, Pascal panse ses égratignures et écorchures. Philippe s'en tire plutôt bien mais ses doigts resteront engourdis longtemps.

Premier arrivé à Dole par ce temps magnifique, Philippe est impressionné par une paroi assez abrupte qui ne semble pas présenter de difficultés particulières toutefois. Il décide d'aller y faire un tour en attendant l'arrivée des coéquipiers. Grimpant sur le roc, il progresse rapidement. En hauteur, c'est venteux et froid. Réalisant qu'il n'est pas suffisamment habillé pour affronter ce froid, il amorce la descente par une voie plus directe afin de gagner du temps. Mais la pente, parsemée de plaques de glace, présente des risques. Sa course contre la montre s'avère pénible. S'enfonçant dans la neige, glissant sur la glace, il fait une chute de plusieurs mètres. Aboutissant heureusement dans un couloir enneigé, il prend conscience du danger.

Il poursuit la descente mais ne sent plus ses pieds ni ses mains. Exténué, il doit s'arrêter pour prendre un peu de répit et tarde à se remettre en mouvement. Il était grand temps que les coéquipiers arrivent. Beaucoup plus tard, Philippe me dira qu' il a eu peur de l'issue de cette aventure. S’interrogeant sur cet événement, il cherchait à comprendre pourquoi il s'était lancé un tel défi, faisant fi de tout bon sens.

Prudence

Les nuages recouvrent la vallée. Il vente et il fait froid. C’est l’heure du thé, du chocolat chaud et des biscuits. Nous étirons le temps en parlant de tout et de rien jusqu’au dîner. On nous sert des momos, sorte de ravioli à la tibétaine.

Après le dîner, Philippe, qui contrairement à son habitude, est resté bien silencieux ce soir, tient à s’excuser pour l’inquiétude qu’il a pu causer au sein du groupe. Nous épargnant les détails de son expérience, que j'apprendrai plus tard, il nous livre un message que nous connaissons tous, mais qui prend tout son sens, maintenant que l’un des nôtres vient de se mesurer aux dangers que peut présenter la montagne, lorsqu’on la côtoie d’aussi près. Elle peut être sans merci pour celui qui s’y aventure sans prendre les précautions d’usage. Les conditions changent vite en montagne. Un excès de témérité peut être fatal. Long silence. Cet aveu me réconcilie avec Philippe, le jeune loup délinquant de la meute.

Il est près de 20h00 lorsque je m’emmitoufle dans mon duvet et près de 23h30 lorsque je me réveille. Incapable de me rendormir, je m’habille et sort prendre l’air. Décidément, j’en prends l’habitude. Il fait froid cette nuit mais le ciel, encore une fois, est absolument superbe. Je marche pour passer le temps et me réchauffer mais ce n'est pas ainsi que je vais me disposer au sommeil. Je pars m’asseoir sur un muret de pierres à la limite du pré. J’entends le torrent qui se brise sur les pierres polies par l'eau de la rivière. Je sens le vent froid qui cherche à s’introduire sous mes habits enfilés hâtivement dans l’obscurité. Je pense à ceux et celles que j’aime tant, qui, à cette heure, vaquent à leurs occupations… à l’autre bout du monde.


 

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