Le sentier est assez large. En contrebas à gauche, la vue sur Chaurikharka est exceptionnellement belle. Ses petites maisons dispersées et ses champs aux contours irréguliers viennent ajouter une note de douceur au paysage rugueux et dépouillé que nous traversons.

Namaste

À la hauteur de Chaplung (Chheplung), nous croisons le sentier qui mène à Jiri, à environ sept à dix jours de marche. C'est ici qu'arrivent les rares marcheurs qui ont choisi le trek long. Les maisons de pierres grises aux fenêtres peintes de couleurs vives bordant le sentier se ressemblent toutes. Plus loin, sur la droite, la vue sur le Kusum Kanguru (5 579 m) est superbe. Le sentier traverse la rivière Kumsum Kola sur un petit pont suspendu. Villageois, porteurs  et trekkeurs se croisent en s'adressant des namaste accompagnés de sourires. De temps à autre, nous devons céder le passage aux porteurs et aux caravanes de dzo qui viennent en sens inverse.  

Chemin faisant, j’échange avec Danu : les phrases sont courtes, les mots souvent approximatifs. À l’aide de gestes, nous parvenons à nous comprendre la plupart du temps. Si non, après quelques tentatives, c’est un haussement d’épaules et l’échange de sourires. Le pas est rapide, il faut arriver avant la noirceur. Une longue descente nous conduit au village de Ghat (Lhawa), le point le plus bas du trek où nous rejoignons la Dudh Kosi , la « rivière de lait » qui coule bruyamment au fond de la vallée.

Phakding

Nous arrivons à Phakding après environ trois heures de marche. L’emplacement de notre camp est là, de l’autre côté de la Dudh Kosi, que l’on traverse sur un pont suspendu et branlant. Nous avons perdu quelque 200 mètres d’altitude depuis notre départ ! Dire que c’est la première étape d’un long parcours devant nous conduire au-delà de 5 000 mètres ! Le camp est installé près d’un lodge et notre tente, près des chiottes. Même les yeux fermés, on le devinerait sans hésitation.

Au dîner ce soir, du dal bhat, riz cuit avec des légumes, arrosé d’une soupe de lentilles. Je n’aime pas beaucoup mais il faudra m’y faire, c’est le plat national népalais. Apès le dîner, je marche dans la noirceur autour du camp. Dans le flanc de la montagne, de l’autre côté de la rivière, un feu perce la nuit. Les porteurs s’y sont installés pour casser la croûte. Ils dormiront là-bas, emmitouflés dans des couvertures usées. Pourquoi ne sont-ils pas avec nous ? Les porteurs, pour la plupart des Rai et des Tamangs, se situent au bas de la hiérarchie de l'équipe népalaise qui nous accompagne. Sous les guides, les cuisiniers et les aide-cuisiniers Sherpas. Au Népal, les ethnies et les castes ne semblent pas enclins à partager certains moments du quotidien, les repas entre autres. Il en ira de même pour l'équipe des Sherpas. À l'exception du sirdar, ils ne prendront pas leur repas avec nous et installeront leurs tentes pas très loin des nôtres mais à la limite du bivouac, tout au long du parcours. La barrière de la langue y est sans doute pour quelque chose aussi. C'est dommage mais ainsi va la coutume.

Il est temps de se mettre au lit. Notre tente  Mountain Hardware  est un modèle haut-de-gamme. Nous pouvons nous y installer confortablement. Je crois que Jean-Guy a pris soin de mettre ses ear plugs. J'ai pris la peine de l'avertir que je ne suis pas un grand dormeur mais, paraît-il, lorsque j'y parviens, je ronfle à tout rompre.