Ascension du mont Everest
Selon
les historiens de l'Everest, les expéditions sur cette montagne,
de nos jours, sont bien différentes de celles du temps des pionniers
alors que les équipes comptaient une douzaine d'alpinistes supportés
par quelques centaines de porteurs transportant des tonnes d'équipements.
Les expéditions dites sportives ont commencé dans les
années 1970. Plus modestes, elles se déroulent aujourd'hui
selon un scénario assez bien arrêté quant à ses
grandes étapes. Les équipes doivent cependant être
prêtes à ajuster le scénario pour tenir compte
des imprévus pouvant survenir à tout moment : conditions
climatiques changeantes, difficulté d'acclimatation, accidents
sur la montagne. Les récits des expéditions au sommet
de l'Everest par la face népalaise (col sud) font état
pour la plupart des grandes étapes suivantes.
Les étapes
Une
expédition empruntant la face népalaise du mont Everest
s'étalle sur plusieurs semaines. Au début de la saison, les Sherpas installent les cordes fixes
le long du parcours sur la montagne.
Le camp de base
L'ascension commence au camp de base
(5 340 m), où l'ensemble du matériel a été acheminé à dos
de yacks et de porteurs depuis l'un des petits aérodromes du Khumbu.
Les grimpeurs passent quelque temps
au camp de base pour s'acclimater tandis que le matériel est acheminé en
plusieurs étapes par des porteurs d'altitude depuis le camp de
base jusqu'au camp I à environ 5 900 mètres. Lors
d'une cérémonie à laquelle assistent toutes les équipes
alors présentes au camp de base, un lama invoque les dieux de
la montagne pour attirer leurs bienfaits sur les équipes qui tenteront
le sommet.
Le Khumbu Icefall
Les
alpinistes doivent d'abord franchir le Khumbu Icefall, considéré par
tous comme l'étape la plus dangereuse de toute l'ascension. La
cascade de glace s'élève sur environ 700 mètres.
Le parcours est jalonné de crevasses dont certaines ont une profondeur
de 200 mètres. Une corde fixe installée par les Sherpas
guide les grimpeurs à travers les séracs, d'immenses blocs
de glace instables dont certains peuvent atteindre une hauteur de 25
mètres, qui avancent au rythme du glacier et peuvent s'en détacher à tout
instant. Les grimpeurs progressent ainsi vers le camp I.
Les camps intermÉdiaires
L'étape
suivante se déroule sur la combe ouest qui sépare le camp
I et le camp II, une vallée de glace trouée d'énormes
crevasses. Pour les franchir, les alpinistes fabriquent des « ponts » en
attachant bout à bout des échelles en aluminium. Une manoeuvre
risquée car les grimpeurs sont chaussés de gros crampons.
Le matériel est acheminé par les Sherpas au camp II (6 500 m)
qui devient une base opérationnelle avancée. Au fil des
jours, les provisions et le matériel sont acheminés progressivement
aux camps supérieurs. Après le camp II, l'étape
consiste à traverser sur la face du Lhotse, une montagne voisine
de l'Everest, véritable muraille de glace et de rochers balayée
par le vent, afin de rejoindre le camp III (7 200 m). C'est ensuite
la montée au camp IV établi au col sud à environ
8 000 mètres. Chaque camp constitue une étape d'acclimatation.
Au cours de leur ascension, les grimpeurs redescendent souvent à un
camp inférieur, parfois même au camp de base, pour favoriser
une acclimatation déficiente.
L'assaut final
Lorsque
les alpinistes sont acclimatés, les équipes surveillent
les conditions météorologiques afin de profiter d'une fenêtre
de beau temps pour donner l'assaut final à partir du camp IV.
Cette dernière étape commence à la lueur des lampes
frontales afin d'atteindre le haut de la crête vers midi. Alors
que le soleil se lève, les grimpeurs atteignent une crête
acérée bordée de précipices vertigineux conduisant
au col sud à 8 750 m. À quelques mètres
sur la gauche, un abîme de 2 400 mètres plonge vers
le Népal Sur la droite, une falaise de 3 000 mètres
surplombe le Tibet. Enfin, à 30 mètres du sommet,
se dresse le ressaut Hillary (Hillary Step), un rocher de 12 mètres
qui bloque l'accès au sommet et qui, selon les experts, présente
la plus grande difficulté technique de toute l'ascension.
La descente
À cause
de l'épuisement et de l'inhospitalité des lieux, les cordées
ne restent jamais bien longtemps au sommet (8 850 m). Généralement
pas plus de dix à quinze minutes. Non seulement, le corps ne s'acclimate
plus à cette altitude mais à partir de 7 600 mètres
(death zone), il a commencé à dépérir.
La descente est considérée plus dangeureuse que la montée
par la plupart. La fatigue et la déficience de l'acclimatation
pouvent entraîner des troubles de coordination. L'arrivée
subite d'une tempête constituent un autre risque. D'ailleurs, 80
% des accidents mortels sur l'Everest se produiraient durant le retour.
Les coûts
Les expéditions
commerciales sur l'Everest sont de plus en plus populaires. Le Néo-Zélandais
Russel Brice, l'un des plus importants organisateurs d’expéditions
sur cette montagne, avertit ses clients. L'aventure a un prix et comporte
des risques. On y risque en effet sa vie. Il faut y consacrer deux
mois de son temps et il peut en coûter jusqu’à 30,000
US$ sur la face tibétaine et entre 40,000 et 70,000 US$ sur
la face népalaise. L’aventure n’a rien d’une
partie de plaisir. « Il faut être déterminé,
connaître son corps et ses capacités, savoir jusqu’où on
peut aller avant de devoir faire demi-tour s'il le faut pour éviter
la chute et mourir », avertit-il.
L'opération
nécessite une organisation bien réglée : installation
du camp de base avec cuisine, unité médicale, centre
de communication, générateur électrique, système
d'évacuation des eaux usées et logistique pour le transport
du matériel. Toutes les expéditions commerciales n'ont
certes pas cette envergure. Si l'on est prêt à payer toutefois,
on se facilitera un peu la vie. Un peu moins « authentique »,
l'expédition n'en demeurera pas moins une aventure avec son
lot de surprises, d'imprévus et de difficultés. Les « puristes » s'insurgent
contre cette commercialisation à outrance de l'Everest mais
les sports extrêmes sont très à la mode. De plus
en plus d'Occidentaux ont les moyens de s'offrir cette aventure « clé en
main » hors de l'ordinaire et le business est risqué mais
payant.
Coût
d'une expédition au sommet de l'Everest en 2003 (en anglais)