Himalaya du Népal

 

 


Histoire du Népal

L’émergence du Népal résulte de l’unification d’un ensemble de royaumes et de principautés entreprise vers 1750 par Prithvi Narayan Shah. Avant le milieu du XVIIIe siècle, l’histoire du Népal se confond avec celle de la vallée de Katmandou.

Les Lichhavi et les Takhuri

Du IIIe siècle avant notre ère jusqu'au IVe siècle, la région aurait été gouvernée par des rois Kirat d'origine sino-tibétaine. Les Lichhavi, d'origine indienne, ont succédé aux Kirat. Ils ont gouverné la région du IVe au VIIIe siècle. L’époque des Lichhavi constitue sans doute le premier point de repère historique valable puisque documenté. Des inscriptions en sanskrit attestent en effet la présence de cette dynastie hindouiste dans la vallée durant cette période. Au contact de la culture indienne, les Newar, une population auraient adopté  un modèle d'organisation sociale indien basé sur le système de castes en l'adaptant à leur réalité.

Les Newar, une population autochtone d'origine sino-tibétaine établie dans la vallée de Katmandou, ont été fortement influencés par la culture indienne. Leur système d'organisation sociale s'est vu transformée par l'adoption d'une structure de castes à l'indienne.

Du IXe au XIIe siècle, la dynastie des Lichhavi fut remplacée par celle des Takhuri, vraisemblablement des seigneurs Newar. Katmandou aurait été fondé par un roi Thakuri  vers la fin du Xe siècle. Durant cette période, l'hindouisme et le bouddhisme coexistaient dans la vallée.

L'empire Malla

La dynastie Malla remplaça celle des Takhuri au XIIIe siècle. Les Malla édifièrent un empire dans la vallée de Katmandou. Au XIVe siècle, un roi Malla réorganisa la société newar et fit de Bhaktapur, alors appelée Bhadgaon, la nouvelle capitale du royaume. Pendant plus de deux siècles, les arts et le commerce se développèrent. Le prospère royaume Malla qui, s'étant agrandi, faisait l'envie des Kha, d'origine indienne, installés à l'ouest du Népal, fut plusieurs fois menacé.

En 1484, l'empire Malla se désintégra en plusieurs petites principautés. Les Malla continuèrent à régner sur la vallée de Katmandou, qui fut divisée en trois royaumes distincts en 1484 : Kirtipur (Katmandou), Bhadgaon (Bhaktapur) et Laliutpur (Patan). Cette période fut caractérisée par la construction de nombreux temples et palais. Pendant un long moment, c'est ainsi que rivalisèrent ces petits royaumes. Les Malla, hindouistes, s'avérèrent tolérants envers le bouddhisme des descendants des premiers habitants de la vallée.

La dynastie Shah

Voulant profiter de la division des Malla qui régnaient sur la vallée de Katmandou, les Kha formèrent une confédération regroupant une vingtaine de royaumes et principautés. Conscient de la fragilité de tous ces royaumes disséminés sur un vaste territoire, Prithvi Narayan Shah, régnant sur l'un de ces royaumes kha, celui de Gorkha, situé à mi-chemin entre Pokhara et Katmandou, entreprit d'unifier le Népal vers 1750 pour constituer un véritable État hindouiste. En 1768, Katmandou devenait la capitale du Népal. Les autres royaumes tombèrent les uns après les autres. La dynastie Shah, désormais bien établie, régna sur le Népal jusqu'en 2008.

Prithvi Narayan Shah et ses descendants réussirent à inculquer aux diverses ethnies et tribus, un certain sentiment d’identité nationale. Alors que les rois de la dynastie Shah se succédaient, les conflits régionaux prirent de l’ampleur. Après deux guerres contre le Tibet (1788 et 1791), la Chine intervint pour stopper l’expansion du Népal. Une autre guerre opposa le Népal à la Grande Bretagne au sujet d’une dispute territoriale dans le Teraï. Cette guerre fut perdue par le Népal. Ses frontières furent redessinées par le traité de Sugauli en 1816. Le Népal perdit une partie du Teraï de même que le Sikkim situé à l'est du Népal actuel. Le pays se replia sur lui-même avec l'arrivée au pouvoir de la famille Rana.

La famille Rana

À la suite d'une lutte de pouvoir sanglante, Jung Bahadur Rana émergea comme leader en 1846. Il se fit nommer Premier ministre puis s'octroya les pouvoirs du roi, ne laissant à ce dernier que des prérogatives protocolaires. Il nomma des membres de sa famille aux principales fonctions de l'État. La fonction de Premier ministre devint une prérogative de la famille Rana. Pour se maintenir au pouvoir, les Rana n'hésitèrent pas à faire assassiner leurs adversaires politiques. Le pays fut interdit aux étrangers.

Devant la toute-puissance du raj britannique en Inde, les Rana cherchèrent à négocier des arrangements pour sauvegarder l’indépendance du Népal. Ainsi, les Britanniques eurent la permission de recruter des Népalais pour constituer les fameux régiments gurkhas, reconnus pour leur bravoure et la grande qualité des combattants. Le Gouvernement Rana accepta aussi la présence d'un résident britannique à Katmandou pour le « conseiller » en matière de politique extérieure.

Durant cette période, les Rana firent en sorte d'assurer la prédominance des Kha et de la caste des Chhetri sur les autres nationalités. L'usage de la langue nepali, issue de la langue kha, fut encouragé au détriment des autres langues parlées au Népal. La religion hindouiste devint l'une des assises de la société népalaise. La domination de la famille Rana dura cent ans.

Après l’indépendance de l’Inde en 1947, le gouvernement Rana perdit tout support extérieur. À la suite de mouvements de protestation populaire et alors que le Parti du congrès népalais, nouvellement créé, obtenaient le support du roi Tribhuvan Bir Bikram, le Premier ministre Rana décida de déposer le roi, lequel se réfugia en Inde.

Tandis que la révolution éclatait, Jawaharial Nehru, alors Premier ministre de l’Inde, refusa de reconnaître cette déposition et fit pression pour que le Népal procède à une réorganisation politique, en se fondant sur des principes démocratiques. Le Premier ministre Rana fit introduire des représentants du Parti du congrès au cabinet mais la tension entre les Rana et ces derniers précipita la déchéance du Premier ministre en 1951. Le Parti du congrès prit le contrôle du nouveau cabinet. À la mort du roi Tribhuvan en 1955, son fils Mahendra Bir Bikram lui succéda.

Les Panchayats

En 1959, le roi Mahendra instaura une monarchie constitutionnelle. Une constitution fut adoptée et des élections furent tenues pour former une Assemblée nationale. Le Parti du congrès remporta une victoire mais les conflits incessants entre le cabinet et le roi Mahendra conduisirent le souverain à démettre le cabinet, à emprisonner la plupart de ses membres, à suspendre le parlement et à promulguer une nouvelle constitution lui octroyant tous les pouvoirs (1960). L'intermède démocratique était terminée.

Le roi institua alors le système des Panchayats. Ce système consistait en Conseils représentatifs des différentes divisions territoriales du pays. Ainsi, des Conseils locaux désignaient les membres des Panchayats de district, lesquels se faisaient représenter au Panchayat national. Dans les faits, le pouvoir demeurait aux mains du souverain qui nommait 16 des 35 membres du Panchayat national, de même que le Premier ministre et les membres du cabinet. Des réformes furent mises sur pied : réforme agraire et modernisation du code légal pour abolir notamment la discrimination sur la base des castes.

Une démocratie frileuse

Le roi Birendra Bir Bikram Shah Dev succéda au roi Mahendra en 1972 et s’efforça de sauvegarder le système politique en maintenant l’interdiction des partis politiques. L’arbitraire, la corruption et une forte montée des prix, consécutive à de mauvais approvisionnements, alimentèrent la colère du peuple. La violence éclata en 1979. Le roi organisa un référendum qui indiqua la préférence de la population pour un système politique sans parti. La majorité étant faible, le roi voulu assouplir le régime en organisant une élection générale pour désigner les membres d’une nouvelle Assemblée nationale. Cette démocratie minimaliste ne réussit à satisfaire personne, d’autant plus que le roi continuait à exercer un pouvoir quasi absolu tout en s’appuyant sur une censure extrêmement forte.

Des protestations et des grèves eurent lieu. Le roi fit appel à la force pour endiguer le mouvement mais sans grand succès. La situation dégénérant dangereusement, le roi leva l’interdiction des partis politiques et nomma un gouvernement intérimaire dirigé par le chef du Parti du congrès en 1990. Une nouvelle constitution fut promulguée instituant une monarchie constitutionnelle multipartite. Le roi demeura le Chef de l’État mais le pouvoir exécutif fut remis à un Conseil des ministres agissant sous l’autorité d’un Premier ministre nommé par le roi. Le Parti du congrès népalais gagna les premières élections démocratiques en 1991 et son secrétaire général, Girija Prasad Koirala, fut nommé Premier ministre.

La guerre du peuple

En 1996, le Communist Party of Nepal-Maoist (CPN-M), fatigué par la corruption généralisée des rouages de l'État et l'inefficacité des politiques de développement, en appela à la « guerre du peuple ». Les rebelles maoïstes réussirent à obtenir un certain soutien populaire dans les régions pauvres de l'ouest du Népal. La guérilla mèna des attaques contre des postes de police et des agences gouvernementales dans certaines régions rurales isolées. Les attaques se sont multipliées et étendues à d'autres régions, faisant de nombreuses victimes parmi les policiers et les officiers du gouvernement en poste sur le territoire.

Le 1er juin 2001, dix membres de la famille royale népalaise furent tués dans une fusillade au Palais royal Narayanhiti à Katmandou, dont le roi Birendra lui-même, la reine Aishwarya, leurs enfants et des soeurs du roi. Le tireur n'était nul autre que le fils aîné du roi. La fusillade aurait été la conséquence d'une dispute familiale mettant en cause le prince héritier et sa mère au sujet du choix de sa future épouse. Le prince héritier décéda quelques jours plus tard des suites de sa tentative de suicide. Rares sont les Népalais qui ont crû à cette explication. Toute la famille royale était réunie au palais ce jour là, à l'exception de Gyanendra, le frère du roi, et sa famille. Le 3 juin 2001, Gyanendra succèda à son frère Birendra alors que la couverture médiatique de son couronnement n'arrivait pas à faire taire les rumeurs de complot circulant en sourdine parmi le peuple.

Les maoïstes tâchèrent de profiter du momentum pour déstabiliser le régime, sans grand succès. Entre juillet et novembre 2001, un cessez-le-feu permet la tenue de pourparlers avec la guérilla maoïste mais sans résultat. En octobre 2002, le roi Gyanendra se met toute la classe politique à dos en suspendant le Parlement et en démettant de ses fonctions le Premier ministre élu Sher Bahadur Deuba pour son incapacité à régler le problème des insurgés maoïstes. De janvier à août 2003, une seconde série de négociations avec la guérilla n'aboutit pas.

L'état d'urgence

En juin 2004, le roi nomme à nouveau Sher Bahadur Deuba Premier ministre. Le 1er février 2005, il limoge le Premier ministre, s'approprie les pleins pouvoirs, forme un nouveau Conseil des ministres composés de fidèles, décrète l'état d'urgence, instaure la censure et suspend les droits fondamentaux afin de museler l'opposition. De nombreux acteurs politiques sont arrêtés et emprisonnés.

Pendant ce temps, la rébellion tire avantage de l'instabilité politique du pays qui a vu une quinzaine de gouvernements se succéder depuis 1991. Elle ne cesse d'augmenter son emprise. Elle prend désormais pour cible non seulement les forces de l'ordre mais aussi certaines infrastructures publiques et privées dont les centres de communication. Au cours des dix années de guérilla, le conflit a fait près de 13 000 victimes au Népal (données d'avril 2006).

Au début 2006, les sept principaux partis d'opposition concluent une alliance informelle avec les rebelles maoïstes au terme de laquelle ceux-ci décrètent un cessez-le-feu unilatéral à durée indéterminée dans la vallée de Katmandou afin de permettre aux partis d'organiser un bandh (grève générale) ayant pour but de faire pression sur le roi pour le rétablissement du Parlement.

La grève générale

L'Alliance des partis d'opposition appellent la population à participer à une grève générale de quatre jours à compter du 6 avril 2006. Au fil des jours, la grève se transforme en un vaste mouvement de contestation populaire. Le régime tâche par tous les moyens de contenir les centaines de milliers de personnes qui manifestent à travers le pays : couvre-feu, ordre de tirer à vue sur les contrevenants, bouclage de la capitale pour protéger le palais royal. Le pays est paralysé. Les manifestants ne sont plus seulement des paysans contrôlés par les maoïstes. Les nouvelles classes moyennes urbaines, les gens d'affaires, les intellectuels, les médecins, les juristes, les enseignants, les employés de l'état, les étudiants se mobilisent, défient le couvre-feu, descendent dans la rue et réclament le rétablissement de la démocratie. Les slogans hostiles au roi se font plus insistants. De nombreux Népalais réclament son départ.

La communauté internationale exhorte le roi Gyanendra à faire preuve de retenue et à rétablir la démocratie. Le Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l'Homme condamne l'usage excessif de la force par la police et l'armée. De nombreux observateurs, dont des diplomates en poste à Katmandou, jugent que la situation a atteint un stade critique. L'Inde envoie un émissaire spécial à Katmandou avec mission de remettre une lettre personnelle du Premier ministre indien au roi Gyanendra, retranché au Palais royal Narayanhiti. Nul doute que l'inde fait pression sur le roi. Elle ne pourra pas tolérer longtemps des troubles dans ce qu'elle considère sa zone d'influence, sa cour arrière. Le Népal vit une crise majeure dont le dénouement est incertain... !

Le rétablissement du Parlement

La pression de la communauté internationale se fait de plus en plus vive. La rue tente à plusieurs reprises de marcher sur le palais royal Narayanhiti protégé par l'armée qui n'arrive plus à contenir les manifestants se comptant par centaines de milliers. Le 24 avril 2006, un peu avant minuit, le roi annonce le rétablissement du Parlement. Le lendemain, la grève générale est levée. L'Alliance des partis d'opposition désigne un Premier ministre, Girija Prasad Koirala, qui est nommé par le roi. Le Parlement est convoqué et le Premier ministre forme un gouvernement de sept membres. Le Népal vit un moment historique. La démocratie est rétablie mais le roi est allé trop loin. De nombreux groupes maintiennent la pression sur le nouveau Gouvernement afin que les pouvoirs du roi soient réduits.

La réduction des prérogatives royales

Tandis que le Gouvernement annonce son intention de tenir des élections pour la formation d'une Assemblée constituante et invite les rebelles maoïstes à des pourparlers de paix, il soumet au Parlement une proclamation visant à réduire les pouvoirs du roi. Ce dernier ne dispose plus d'aucun pouvoir significatif et se voit contraint d'adopter un profil bas.

Malgré toutes ces mesures, les maoïstes accueillent la proclamation en la qualifiant de succès partiel. Prachanda, l'ex-chef de la rébellion, déclare que cette proclamation ne répond pas aux aspirations profondes du peuple népalais.

Le Gouvernement dispose cependant d'un atout important. Les maoïstes savent désormais que la contestation populaire pacifique canalisée par les partis d'opposition a réussi en trois semaines ce que la guérilla, avec ses méthodes violentes, n'est pas parvenue à faire en dix ans... et 13 000 morts. Le verdict du peuple népalais est clair.

L'accord de paix

Le 21 novembre 2006, le Premier ministre Koirala signe un accord de paix avec Prachanda, de son vrai nom Pushpa Kamal Dahal, dirigeant du Communist Party of Nepal - Maoïst (CPN-M) et sa branche armée, l'Armée du peuple. Il appelle les maoïstes à mener désormais leur combat dans le respect des règles démocratiques, comme tous les autres partis politiques.

L'élection d'une Assemblée constituante

Le Gouvernement transitoire annonce la tenue d'un scrutin pour l'élection d'une Assemblée constituante. La période pré-électorale, fortement marquée par la question de l'abolition de la monarchie, montre un clivage important entre les populations madhesi habitant les plaines du Teraï et les populations pahari habitant le Pahar (Moyennes montagnes).

Jugeant prépondérants le contrôle et l'influence exercés par les Pahari sur les affaires du pays, plusieurs organisations vouées à la défense des intérêts des Madhesi (Madesh) revendiquent une plus large autonomie du Teraï au sein d'un état fédéral. Ces revendications donnent lieu à d'innombrables grèves et manifestations violentes qui font plusieures morts.

Les élections sont néanmoins tenues dans un calme relatif en 2008. Contre toute attente, les maoïstes sortent vainqueurs de ces élection. Ils disposent du plus grand nombre d'élus à l'Assemblée constituante, sans toutefois obtenir la majorité absolue. En mai 2008, l'Assemblée constituante, dès sa première assemblée, vote l'abolition de la monarchie. À la suite d'un vote, elle désigne en juillet 2008 le premier Président de la nouvelle république de même qu'un Vice-Président. Suite à l'incapacité des partis politiques de s'entendre sur la formation d'un nouveau gouvernement, l'Assemblée constituante procède en août 2008 à l'élection d'un Premier Ministre. Une alliance des partis de gauche permet au chef maoïste d'être désigné à la fonction de Premier Ministre. Les maoïstes parviennent à former un gouvernement de coalition mais le Parti du congrès (centriste), traditionnellement le plus influent du pays, refuse d'y participer. L'Assemblée constituante quant à elle a pour mandat d'élaborer une nouvelle constitution d'ici 2010.

 

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