Page d'accueil de Zone Himalaya Page d'accueil de Zone Himalaya

Le mode de vie des Sherpas

Le pays sherpa étant situé en haute altitude, les cultures y sont difficiles et limitées. Les Sherpas vivent donc principalemnt d'élevage et pratiquent une agriculture de subsistance. Menant jadis une vie que l'on pourrait qualifier de semi-nomade, plusieurs d'entre eux ont vécu du commerce caravanier en échangeant céréales et bétail népalais contre laine et sel tibétains. L'invasion du Tibet par la Chine a stoppé une bonne partie de ce commerce, privant les Sherpas d'une source importante de revenus. Ils ont su faire preuve d'une étonnante capacité d'adaptation en cherchant à profiter des occasions qu'offrait désormais le mountaineering.

Économie agropastorale

La culture de la pomme de terre, introduite vers le milieu du XIXe siècle, a favorisé la sédentarisation des Sherpas et la stabilisation de leur économie. Dans les Moyennes montagnes, ils cultivent aussi l'orge et le sarrasin dans des petits champs contigus à leurs maisons. La ferme n'existe pas en pays sherpa.

L'agriculture ne permettant pas de subvenir à tous leurs besoins, dans le haut Khumbu surtout, les Sherpas font l'élevage du yack, métier dont ils sont particulièrement fiers. Le beurre, jadis vendu en grande quantité aux Tibétains, est maintenant transformé en fromage pour consommation interne.

Au début de l'été, les jeunes bergers sherpa conduisent les troupeaux de yacks dans les pâturages d'été situés au-dessus de la limite supérieure des arbres dans les plus hautes vallées du pays.

Durant leur séjour, ils habitent des maisons d'été, les yersas. Construites de pierres et de bois, au milieu de petits prés entourés de murets, elles offrent un confort tout relatif. À l'approche de l'hiver, les bergers ramènent les troupeaux de yacks aux villages.

Khumbu

Yersa au Khumbu

Métiers de la montagne

L'accroissement du tourisme d'aventure a permis à de nombreux Sherpas d'améliorer leur situation en s'engageant comme sirdar, guide ou porteur d'altitude au sein des expéditions d'alpinisme et de trekking, qui amènent chaque année au printemps et à l'automne, des milliers de sportifs sur les sentiers et montagnes du Khumbu. On estime leur nombre à 20 000 annuellement en moyenne.

Khumbu

Guide sherpa

Des familles sherpa ont bâti ou converti leurs maisons ou partie de celles-ci en lodges (gîtes rudimentaires) ou en bhatis (maisons de thé) sur les itinéraires de trekking. On y sert des repas et on peut y accueillir dans une salle commune ou des chambrettes, quelques trekkeurs pour la nuit. Tandis que leurs maris pratiquent les métiers de la montagne, es Sherpanis s'occupent des lodges et entretiennent les maigres potagers entourant leurs maisons, là où l'altitude le permet.

Société en voie de transition

L'accroissement de l’activité touristique dans le Khumbu a eu certes un impact positif sur l'économie locale. Mais il a également secoué les fondements de la société sherpa. Fini le temps où le mode de subsistance des Sherpas s'articulait exclusivement sur l'élevage, l'agriculture de survivance et le commerce caravanier, faisant de leur communauté une société plutôt monolithique. Au Solu-Khumbu, les modes de subsistance se sont diversifiés. Les Sherpas qui se sont tournés vers les métiers de la montagne ou sont devenus aubergistes mènent une vie bien différente de ceux qui sont encore agriculteurs ou pasteurs.

Émigration

En délaissant les activités agropastorales pour la pratique des métiers de la montagne et des activités qui s'y greffent, de nombreux jeunes ont dû se rapprocher des centres touristiques. Ils ont émigré à Katmandou pour se trouver du travail comme guide ou porteur au sein des agences de trekking qui se sont vite multipliées. Les plus entreprenants y ont fondé leurs propres agences de trekking. Installés dans la capitale avec femme et enfants, plusieurs y ont trouvé la vie plus facile. Aujourd'hui, la communauté sherpa exerce un leadership certain sur ce nouveau créneau qui favorise son développement économique. Mais l'exode qu'il provoque inquiète. Comment le Khumbu survivra-t-il si les nouvelles générations le quittent ? Pour Ang Rita Sherpa, directeur de l'Himalayan Trust, cette question est beaucoup plus préoccupante que celle de la confrontation au modernisme.

Économie

Le glissement graduel d'une économie agropastorale vers une économie plus ouverte, mais en même temps plus sujette aux aléas des lois du marché, ne rendra-t-il pas le développement du Khumbu plus dépendant de facteurs complètement extérieurs à leur communauté ? La menace des actions terroristes menées par les insurgés maoïstes au Népal combinée aux événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont fait chuter le trekking au Khumbu de 30 % entre 2000 (année record) et 2003.

Culture

L'exposition de la communauté sherpa aux valeurs occidentales a transformé ses modes de vie. Quels effets aura à plus long terme cette transformation sur leur culture et leurs structures sociales ? Étroitement associés à l'histoire de l'Everest, les Sherpas ne cesseront d'être confrontés aux effets résultants de la fascination qu'exerce cette montagne sur les Occidentaux. Les Sherpas ont fort bien démontré dans le passé leur capacité exceptionnelle d'adaptation au changement. Ceci dit, dans une économie plus ouverte dominée par le souci du profit, parviendront-ils à concilier tradition et modernisme dans un nouvel équilibre capable de préserver l'essentiel de leur culture ?

La plupart des auteurs consultés sont d'avis que malgré des signes extérieurs montrant que dans les villages situés près des grands itinéraires de trekking, bon nombre de Sherpas adoptent certaines modes occidentales en matière d'habillement et de consommation notamment, ils demeurent malgré tout d'authentiques Sherpas profondément attachés à leur religion et aux valeurs bouddhistes sur lesquelles prend appuie leur culture.

 

Copyright 2000-2024. Serge-André Lemaire. Tous droits réservés.