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Géographie de l'Himalaya

La dérive du sous-continent indien vers le continent asiatique, et la collision qui en résulta, a donné naissance par étapes successives à un vaste ensemble montagneux, communément appelé Himalaya mais que l’on pourrait plus justement désigner « système himalayen ». Ce système, qui s’interpose entre la grande plaine indo-gangétique au sud et le plateau tibétain au nord, est constitué de plusieurs chaînes parallèles formant des paliers longitudinaux successifs de plus en plus escarpés que l'on compare parfois à des marches... les marches du ciel. Sous l'angle de son relief, les géographes le décrivent donc par la succession des chaînes qui le composent. À la chaîne du Siwalik, vient se superposer au nord, la chaîne du Mahabharat, et plus au nord encore, l’Himalaya proprement dit ou Grand Himalaya, l’axe principal de ce vaste ensemble, auquel succède le Transhimalaya.

Le Siwalik

Située immédiatement au nord de la plaine du Gange, la chaîne subhimalayenne du Siwalik, parfois appelée Churia, s’étire de manière intermittente sur environ 2 500 km en traversant depuis l’ouest vers l’est, l’Arunachal Pradesh (Inde), le Bhoutan, le Bengale occidental, le Népal, l’Uttarakhand et l’Himachal Pradesh (Inde) ainsi que le Cachemire indien et pakistanais. C’est une zone boisée d’une largeur pouvant atteindre 80 km. Son élévation moyenne se situe autour de 1 000 mètres mais peut atteindre 2 000 mètres à certains endroits. Ses pentes, plutôt abruptes du côté de la plaine indienne, s'adoucissent sur son versant nord. Cette chaîne présente des brèches importantes par où s’écoulent vers le sud plusieurs rivières prenant leurs sources dans le Grand Himalaya.

Le Mahabharat

Au nord de la chaîne du Siwalik commence le Mahabharat ou Moyen Himalaya, une zone de moyennes montagnes (hills ou middle hills) tantôt boisées, tantôt défrichées, large d’une centaine de kilomètres, dont l’altitude oscille entre 2 000 et 3 000 mètres le long de sa ligne de crête. S’adossant au Grand Himalaya, cette chaîne s’étire depuis le fleuve Indus à l’ouest jusqu’au fleuve Brahmapoutre à l’est, en traversant le nord de l’Inde, le Népal, le Sikkim et le Bhoutan. Tandis que le versant sud du Mahabharat est fortement escarpées, les pentes de son versant nord, moins raides, permettent la culture en terrasses.

Subanrisi et Barabise

Deux visages bien différents du Moyen Himalaya. Certaines régions ont échappé à la déforestation, tel le massif de Subansiri, dans la partie orientale de la chaîne. D'autres par contre ont été défrichées et converties en terrasses étagées pour la culture, comme dans la région de Barabise au Népal.

Au coeur de ces moyennes montagnes se trouvent quelques vastes plateaux, (désignés Pahar au Népal), d’une altitude moyenne d’environ 1 000 mètres. Ces zones, propices à la culture céréalière notamment et densément peuplée, ont favorisé l'émergence de quelques centres urbains, notamment la vallée de Katmandou au Népal ainsi que la vallée du Cachemire et la région de Srinagar en Inde du nord.

À la limite nord de ce plateau succède une zone escarpée où les montagnes, atteignant rapidement une altitude de 4 000 mètres sur une distance d’à peine 100 km, viennent se fondre dans la grande chaîne de l’Himalaya. Cet habitat, beaucoup plus rude, permet quand même la transhumance saisonnière et la culture de quelques légumes tolérant des températures plus froides, notamment la pomme de terre.

L'Himalaya

Le Grand Himalaya constitue l’axe principal du système himalayen. Partant du massif du Nanga Parbat, près de sa jonction avec le Karakoram à l’ouest, l’Himalaya s'étire sur environ 2 500 km vers l’est en traversant le nord-ouest de l'Inde, le Népal, le Sikkim (Inde), le Bhoutan et l’Arunachal Pradesh (Inde). Il bifurque vers le nord-est pour atteindre le massif du Namcha Barwa au Tibet, considéré par plusieurs comme la limite ultime de l’Himalaya à l’est. Sa largeur varie de 200 km dans sa partie occidentale à 100 km dans sa partie orientale. S’y dressent au moins une centaine de sommets excédant 7 000 mètres d’altitude tandis que ses autres sommets culminent pour la plupart au-delà de 6 000 mètres. À l’exception d’un nombre relativement limité de hameaux blottis au creux de ses hautes vallées, la plus grande partie du Grand Himalaya figure parmi les lieux les plus isolés et inaccessibles de la terre.

Cinquième lea de Gokyo

Lac Donag Tsho | Haut Himalaya du Népal

Le Transhimalaya

Au nord de la ligne de crête du Grand Himalaya, succède le Transhimalaya, un ensemble montagneux  dont l’axe ouest-est s’étire sur environ 1 600 km. Séparant le bassin du fleuve Brahmapoutre (Yarlung Tsangpo) et la plateau tibétain, le Transhimalaya est constitué à l'ouest par la chaîne Gangdise et à l'est par celle du Nyenchen Tanglha.  À la vérité, la délimitation du Transhimalaya s’est historiquement avérée plutôt imprécise. Et pour cause.  Au début des années 1900, cette chaîne a fait l’objet d’une querelle tant en ce qui a trait à son découvreur qu’à son nom.

Si ce nom semble encore prêter à confusion parfois, la chaîne elle-même a acquis droit de cité comme entité distincte du Grand Himalaya tout en faisant partie du vaste ensemble himalayen. Elle s’interpose entre les bassins de l'Indus et du Brahmapoutre (Tsangpo) et les grands lacs tibétains du Changthang. Aucun de ses sommets n'atteint les altitudes extrêmes des crêtes du Grand Himalaya, mais plusieurs culminent tout de même au-delà de 5 000 - 6 000 mètres. Retranché derrière la barrière du Grand Himalaya qui bloque les pluies de mousson, le Transhimalaya est une région aride.

Le plateau tibétain

Le Transhimalaya vient buter au nord sur le haut plateau tibétain, un immense territoire constitué de steppes vallonnées entourées de hauts sommets situé en Asie centrale. Au sens strict, ce haut plateau ne fait pas partie de l'Himalaya mais sa frange sud se confond parfois avec le Transhimalaya alors que leur différence d'altitude n'est pas énorme, surtout dans la partie occidentale du système himalayen. Le plateau tibétain n'est pas le Tibet. C'est une entité géographique et topographique qui, transcendant les frontières, recouvre la majeure partie de la Région autonome du Tibet, le Changthang et la province de Qinghaï en Chine occidentale ainsi que la partie orientale du Ladakh situé dans la province de Jammu-et-Cachemire en Inde du Nord.

Le plateau tibétain est le plus haut et le plus vaste plateau de la terre. D’une superficie de 2,5 millions de km2, il s’étire sur environ 1 000 km du sud au nord et 2 500 km d’est en ouest. Son altitude moyenne se situerait autour de 4 500 mètres.

Plateau tibétain

Lac Namtso Chukmo | Plateau tibétain

LE CHANGTHANG
La partie nord-occidentale du haut plateau tibétain, appelée Changthang, est délimité par la chaîne des Kunlun et le désert du Taklamakhan au nord, la chaîne du Karakoram à l'ouest, le Quinghai à l'est et la Région autonome du Tibet au sud. Constituant la partie la plus élevée du plateau tibétain, alors que son altitude dépasse souvent 5 000 mètres, c’est une région sauvage présentant des conditions climatiques extrêmes. Elle est par conséquent très peu peuplé.

LE QINGHAÏ
La partie nord-orientale du haut plateau, appelée Qinghaï, est délimité par la Région autonome du Tibet au sud-ouest, les provinces chinoises du Sichuan au sud-est et du  Gansu au nord-est de même que par la Région autonome du Xinjiang au nord-ouest.

Pages complémentaires
Origine de l'Himalaya
Climat et milieux naturels
Fleuves et rivières
Glaciers de l'Himalaya

Le Karakoram et l'Hindu Kush

Non seulement l'Himalaya constitue-t-il une aire d'une grande complexité, tant au plan de sa géographie physique que de sa géographie humaine, il se situe en outre au coeur d'un immense système montagneux comportant d'autres chaînes majeures dont le Karakoram et l'Hindu Kush. Cet ensemble gigantesque (HKH) chevauche huit pays, de l'Afghanistan à l'ouest à la Birmanie à l'est, et comprend une population estimée à 120 millions d'habitants.

Considéré jadis comme partie intégrante de la chaîne himalayenne, le Karakoram est de plus en plus reconnu comme une chaîne distincte. Toutefois, compte tenu de son importance et des similitudes qu'il présente avec la partie occidentale de la chaîne himalayenne, le Karakoram est considéré dans les pages qui suivent comme le prolongement de l'Himalaya à l'ouest.

Situé plus précisément au nord ouest de l'Himalaya, le Karakoram est constitué des chaînes recouvrant le nord du Pakistan et se fond dans l'Himalaya du Cachemire au sud. Géographiquement, il occupe une position pivot puisqu'il rejoint, à l'ouest, l'Hindu Kush en Afghanistan. Au plan géopolitique, il occupe de plus une position stratégique, tant pour l'Inde que le Pakistan, tous deux engagés dans une dispute frontalière dans cette région depuis la partition de l'Inde en 1947. Il abrite le K2 (mont Godwin Austen ou Chogori), la deuxième plus haute montagne du globe qui culmine à 8 611 mètres. Enfin, comme l'Himalaya, il est sillonné d'anciennes pistes caravanières qui ont contribué au métissage des populations de cette vaste région.

La querelle du Transhimalaya

Le Transhimalaya a fait l'objet d'une querelle entre la Royal Geographical Society (RGS) de Londres et l'explorateur suédois Sven Hedin, qui a revendiqué la paternité de sa découverte en 1908. La RGS était plutôt d'avis que les géographes britanniques du Survey of India avaient déjà cartographié cette région. Cependant, ils situaient les limites du bassin du Brahmapoutre beaucoup plus au nord que ce qu'ont révélé les explorations de Hedin. Ce conflit se reflète dans les atlas où la confusion règne depuis plus d'un siècle. Certains mentionnent les montagnes transhimalayennes, d'autres pas.  Certains ouvrages majeurs remplacent même le « Trans-Himalaya Range » par la chaîne Gangdisê Shan ou Kailash (Kailas). D'autres ouvrages le nomment franchement et lui incorporent à l'ouest les chaînes du Ladakh et du Zanskar.

Milieu naturel tourmenté

Malgré son gigantisme, l'Himalaya est aussi vulnérable que toutes les autres chaînes montagneuses.

ÉROSION ET MOUSSON
Les mécanismes d'érosion y sont présents comme partout ailleurs. Ses pentes escarpées et ses profondes vallées sont sans cesse battues par les vents qui usent sans relâche. Les pluies torrentielles des moussons font gonfler les rivières et les fleuves, provoquant à chaque année des inondations et glissements de terrains qui sèment la désolation.

TREMBLEMENT DE TERRE
En raison du phénomène de la tectonique des plaques, qui a pour conséquence l’enfoncement de la plaque indienne sous la plaque eurasienne, la région himalayenne est géologiquement très active. Les tremblements de terre y sont relativement fréquents. Celui de 1934 a causé d'importants dégâts au Népal. Des spécialistes prévoient que d'ici 150 ans environ, l'Himalaya connaîtra au moins un séisme de très grande intensité.

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Une étude du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), parue en 2007, concluait que les glaciers himalayens fondaient rapidement sous l’effet du réchauffement climatique. La pénurie d’eau potable pouvant en résulter serait susceptible d’affecter 40% de la population mondiale. Cette étude a fait l’objet d’une importante polémique dans le monde scientifique. Le GIEC s’est rétracté, admettant que des erreurs s’étaient glissées dans son rapport. Cette question a fait l’objet de plusieurs études depuis mais leurs conclusions ne semblent pas concordantes pour l’instant.

Le découpage de l'Himalaya

Souvent, pour mieux décrire, on découpe pour analyser les parties. Le système himalayen n'a pas échappé à ce processus et la documentation à ce sujet en témoigne largement. Tous ces découpages sont utiles en permettant d'envisager la chaîne sous différents angles.

LES HIMALAYAS NATIONAUX
Au plan géopolitique, les auteurs distinguent l'Himalaya tibétain, l'Himalaya bhoutanais, l'Himalaya népalais et l'Himalaya indien.

LES ZONES ÉCOLOGIQUES
Au plan de la biodiversité, une autre division découpe l'Himalaya en grands paliers longitudinaux ou étages correspondant à des zones d'altitude qui se distinguent les unes des autres notamment par leurs conditions climatiques et leur biodiversité.

LES AIRES CULTURELLES
Au plan de la géographie humaine, on distingue l'aire musulmane dans l'Himalaya occidental, l'aire hindouiste couvrant la partie sud de la chaîne, l'aire tibétaine du haut Himalaya au nord et l'aire animiste dans la partie extrême orientale de la chaîne.

L'Himalaya dans tous ses états

Le système himalayen est un ensemble montagneux complexe. Si dans l’ensemble de la documentation consultée, les auteurs décrivent ce système d’une manière assez uniforme dans les grandes lignes, on observe toutefois des variations dans certains détails. Notamment sur les altitudes limites des différentes chaînes, parfois sur leur étendue mais aussi dans leur désignation.

En particulier, la documentation anglo-saxonne fait très souvent référence à l’Himalaya en désignant ses zones par des expressions telles que Outer Himalaya pour désigner le Siwalik, Lower ou Lesser Himalaya, pour désigner le Mahabharat et Higher ou Greater Himalaya pour désigner le Grand Himalaya.

Qui plus est, les Népalais ont leur manière bien à eux de nommer leurs montagnes. Le Siwalik prend parfois le nom de Churia. Le Mahabharat est appelé hills (collines). Charmant n’est-ce pas… mais méfiez-vous. Ces collines approchent, à quelques centaines de mètres près, l’altitude du Mont Blanc ! Aux collines succèdent les mountains (montagnes tout simplement). Enfin, certains ouvrages utilisent l’expression « contreforts de l’Himalaya » pour désigner la chaîne du Siwalik et parfois même celle du Mahabharat.

Montagne himalayenne

Le Thamserku


Crédits photos
Subansiri © Alain Chenevière
Barabise © Alain Chenevière
Lac Donag Tsho © Daniel Gauvreau

Plateau tibétain © M.Winterburn
Lac Namtso Vhukmo © Jan Reurink
Thamserku © Alain Chenevière