Himalaya du Népal

 

 

 

Organisation de la société népalaise

L'organisation de la société népalaise repose essentiellement sur le système de castes caractérisant la plupart des sociétés hindouistes, du moins en ce qui a trait aux populations indo-népalaises. Les populations tibéto-népalaises sont plutôt organisées en clans. Qu'est-ce-à-dire ?

Le système des castes

Les Indo-Népalais, ceux que Marc Gaboriau (1995) désigne par l'expression « gens de castes », vivent au sein de communautés strictement hiérarchisées en castes. Ce système a profondément marqué la mentalité des Népalais. L'appartenance à la caste constitue sans doute le point de repère identitaire le plus significatif pour les Indo-Népalais.

Traditionnellement, la hiérarchisation des castes était fondée sur l'importance des métiers exercés. Comme en Inde, la caste est héréditaire : on naît dans une caste. La caste est endogame : on se marie avec une personne de sa caste. La caste dicte la conduite à adopter avec ses semblables et, plus important encore, avec les gens des autres castes.

Hiérarchie des castes et influence

La caste des Bahun (Brahmanes) et celle des Chhetri (Kshatryas) sont les castes les plus élevées. Les Bahun (Brahmanes), situés au sommet de la hiérarchie, n'exercent pas tous une fonction religieuse mais ils sont les seuls à pouvoir le faire. Les autres sont souvent enseignants, agriculteurs ou font carrière dans l'Administration. Les Chhetri occupent le deuxième rang dans la hiérarchie des castes. Ils sont très nombreux dans l'armée et l'Administration et sont très présents au sein des élites politiques. D'autres sont par ailleurs agriculteurs. Les Chhetri sont les descendants des Kha qui ont érigé un royaume puissant à l'ouest de la vallée de Katmandou avant l'unification du Népal en 1768. Ils sont restés politiquement très influents. Les membres des autres castes  traditionnelles se distinguent assez peu de nos jours. Les Bahun et les Chhetri regroupent environ 30% de la population népalaise.

Brahmane à Pashupatinath

Pureté des castes et discrimination

Le système des castes est indissociable de la notion de pureté. Les castes les plus élevées sont considérées « pures », les plus basses sont considérées moins « pures ». Tout au bas de l'échelle se situent les hors-castes, appelés aussi « intouchables » ou dalit, les « impurs » qui n'appartiennent à aucune caste, les parias de la société. Il s'agit des gens qui ont pour métier des tâches considérées impures et dégradantes. Les bouchers, cordonniers, chaudronniers, balayeurs, éboueurs, tanneurs, tisserands, porteurs et autres travailleurs exerçant des métiers similaires sont des hors-castes. Ce sont en général des gens exploités par les gens de castes.

Cette notion de pureté a des répercussions observables tant au plan de la pratique religieuse qu'en ce qui a trait aux comportements de tous les jours. Les membres des hautes castes ne doivent rien partager avec les « intouchables », notamment l'eau et la nourriture. Les membres d’une caste « pure » ne peuvent accepter de l'eau ni manger des aliments préparés par un « intouchable ». Même les lieux où la nourriture est préparée doivent être gardés purs. Les « intouchables » ne doivent pas y pénétrer ni même toucher les récipients qui contiendront la nourriture.

Dans les villes, la situation s'est quelque peu améliorée. Les gens de caste supérieure qui entrent en contact avec un dalit ne prennent plus nécessairement un bain pour se purifier. Plusieurs se contenteront de s'asperger d'eau rapidement. D'autres ne feront rien de particulier. Il n'en va pas ainsi toutefois dans de nombreuses campagnes reculées.

Le système clanique

Les ethnies tibéto-népalaises n'adhèrent pas au système de castes hindouiste. Leur organisation sociale repose plutôt sur une division de la société en clans.

Hiérarchisation

La hiérarchisation des groupes sociaux et la notion de caste ne sont pas pour autant totalement absentes de leur mode d'organisation sociale. Ainsi, certaines ethnies sont considérées supérieures à d'autres dans l'échelle sociale. Leur rang diffère souvent d'une région à l'autre dépendant de leur importance relative dans la région et de l'influence qu'elles y exercent. De plus, la perception qu'elles ont de leur rang social ne correspond pas toujours à la perception qu'en ont les populations indo-népalaises ni les autres ethnies. Au sein d'une même ethnie, certains clans sont considérés supérieurs à d'autres. En outre, certains groupes semblent appliquer, notamment au regard de certains devoirs religieux, la notion de « pureté » comme élément de différenciation sociale. Puisqu'il leur est défendu de tuer les animaux, les bouddhistes feront souvent appel à des yawa (boucher), pour faire ce travail. Ces personnes sont, de facto, assimilées à une caste impure en raison du métier qu'elles exercent.

Hindouisation

Plusieurs ethnies tibéto-birmanes se sont plus ou moins assimilées à la culture dominante. Les Newars, premiers habitant de la vallée de Katmandou, se sont largement hindouisés. Ce groupe obéit cependant aux prescriptions de son propre système de castes.

Ailleurs dans les moyennes montagnes, où les Indo-Népalais sont nettement majoritaires, certains groupes, notamment les Magars et les Rais, sont de plus en plus influencés par l'hindouisme et adoptent graduellement les coutumes de la majorité. Ceci illustre bien toute la complexité du monde des castes au Népal.

Lire l'article Société de l'Himalaya

 

 

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Castes traditionnelles

Lors de leur établissement au Népal, les populations indo-aryennes y instaurèrent leurs institutions, notamment leur système de castes. La société népalaise, tout comme la société indienne, était divisée en quatre grandes castes, elles-mêmes subdivisées en sous-castes professionnelles fondées sur le métier exercé.  La caste des Bahun, la plus élevée, était réservée aux prêtes. La caste des Chhetri (Kshatryas), la seconde dans la hiérarchie, était la caste des militaires et des administrateurs. La caste des Vaisyas était celle des agriculteurs et des commerçants tandis que la caste des Sudras, la plus basse, regroupait les serviteurs et les gens exerçant les petits métiers. Sous les Sudras se situaient les hors-caste ou intouchables, les « impurs » n'appartenant à aucune caste.

Castes et groupes ethniques

Les Indo-Aryens ne sachant reconnaître les rapports sociaux en dehors de ceux prescrits par l'appartenance à la caste, les familles de statut élevé appartenant aux ethnies autochtones se virent assignées à la caste Chhetri. Les autres furent assimilées aux gens de castes inférieures, créant ainsi un chevauchement entre castes et groupes ethniques. Dès lors, en s'adaptant à la réalité multiethnique du Népal, le système de castes népalais s'est distingué de celui de l'Inde, en comportant un nombre moindre de castes et une plus grande fluidité entre elles. Les mariages intercastes par exemple sont tolérés par les castes supérieures dans certaines situations. Toutefois, les règles s'appliquant à l'alimentation, notamment au don de l'eau, sont rigoureusement observées.

Anachronisme des castes

Initialement, le système de castes reflétait l'organisation hiérarchique des responsabilités sociales et du travail et, conséquemment, la classification des professions, métiers et tâches selon leurs rapports avec ce qui était considéré pur et impur. Depuis l'abolition du système de castes, les nouveaux métiers ne sont plus codifiés. Par ailleurs, contrairement aux anciennes coutumes, les gens exercent de moins en moins le métier de leurs parents. Aussi, l'appartenance à une caste a de moins en moins de signification par rapport à son sens originel. Le Brahmane (Bahun) n'est pas nécessairement prêtre, il peut tout aussi bien être cultivateur ou cadre dans l'administration publique. Mais ses devoirs de castes et les interdits touchant sa caste demeurent les mêmes.

Ainsi, malgré ses dysfonctions et surtout, son absence d'assise légale, le système de castes n'en continue pas moins d'avoir une influence prépondérante sur les comportements et les rapports sociaux. Des transgressions, variant d'une communauté à l'autre, sont toutefois davantage tolérées. En général, les petits villages reculés sont plus soucieux du respect de l'orthodoxie que les grandes villes comme Katmandou. Les mécanismes de contrôle social auxquels sont soumis leurs habitants y sont beaucoup plus efficaces.

Mariage intercaste

Afin de lutter contre la discrimination faite aux dalits, le Gouvernement offre depuis peu  une prime de 100,000 roupies népalaises (environ 950€) aux personnes de caste supérieure se mariant avec un ou une «intouchable». Les mariages intercaste sont mal vus et rares au Népal. Ceux qui osent ont des débuts difficiles dans leur vie de couple car ils doivent faire face à la réprobation sociale. Cette mesure vise à lutter contre le cloisonnement des groupes sociaux basé sur le système de castes. Les dalits représenteraient environ 15 % de la population au Népal.

Polyandrie fraternelle

Comme ailleurs en Himalaya, la polyandrie fraternelle, où plusieurs frères partagent une même épouse, a longtemps été pratique courante chez les ethnies tibéto-birmanes. Maurice Piraux (1987) explique que cette coutume avait notamment pour but de limiter le morcellement du patrimoine familial, une réalité difficilement compatible avec la pratique d'une économie de subsistance. Quoique rare, la polyandrie serait encore pratiquée de nos jours dans certaines régions reculées du Népal.

Lire l'article Polyandrie fraternelle

Crédits photo
© Serge-André Lemaire


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